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Turquie : Une politique régionale en pleine évolution

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La visite de Recep Tayyip Erdogan, le jeudi 28 avril 2022 à Riyad, illustre la réorientation de la diplomatie turque opérer depuis 2020. Longtemps isolée sur la scène diplomatique régionale et internationale en raison de ses nombreuses provocations depuis les printemps arabes, la Turquie semble aujourd’hui vouloir renouer avec la doctrine de «  Zéro problème avec les voisins », qui avait été abandonnée ces dernières années. 

RecepTayyip Erdogan

De « zéro problème avec les voisins » à « zéro voisin sans problème »

Sa gestion des relations internationales, marquée par la volonté d’affirmer sa puissance et de diversifier ses partenaires, a peu à peu isolé Ankara. Souvent caractérisée par le terme réducteur de « neo-ottomane » et d’expansionnisme, la politique régionale de la Turquie s’est illustrée par son engagement dans de nombreux dossiers épineux, affaiblissant les équilibres régionaux.

Ainsi, on peut évoquer dans un premier temps l’engagement militaire turc en Libye, où elle soutient le gouvernement d’union nationale opposé au maréchal Haftar. À travers ce conflit, la Turquie voit l’occasion de réaffirmer son influence dans la région. Mais aussi, grâce à un accord passé avec Tripoli en 2019, de faire valoir ses droits sur une vaste zone de la Méditerranée orientale, disputé avec la Grèce, Chypre et l’Egypte. 

En effet, nous avons assisté à une montée des tensions en 2020 dans cette zone, après des missions d’exploration gazière turque dans les eaux grecques. La découverte de gisement de gaz offshore en Méditerranée orientale est venue accentuée cette rivalité. Cela a poussé Ankara a demandé une nouvelle délimitation des frontières maritimes, ce que refusent Athènes et Nicosie.  

La Turquie intervient également en Syrie, où la question kurde se trouve au coeur de sa stratégie. Effectivement, Ankara n’a cessé de réaliser des interventions militaires sur les territoires contrôlés par le Parti de l’union démocratique (PYD) dans le Nord-est de la Syrie. À l’image de l’intervention du 9 octobre 2021 qui a provoqué un nouvel exode de la population. Effectivement, la Turquie souhaite empêcher la pérennisation de l’autonomie des territoires sous contrôle kurde, qui pourrait avoir un impact sur le mouvement nationaliste kurde à l’intérieur même de ses frontières. 

La Turquie s’est également illustrée dans le conflit du Haut-Karabakh du 27 septembre au 10 novembre 2020, en soutenant l’Azerbaïdjan. En aidant à la modernisation de son armée, Ankara a fortement contribué à la victoire de Bakou. Cette relation entre les deux pays lui permet notamment de renforcer son influence dans la région. Et, lui offre un accès entre la mer Noire et la mer Caspienne, facilitant l’acheminement de gaz vers le marché européen.  

En tant que puissance émergente, la Turquie cherche à s’affirmer, mais ses difficultés économiques freinent ses ambitions.

À la recherche de nouveaux partenaires 

Affaiblie sur le plan intérieur en raison de fortes difficultés économiques, la Turquie a opéré une réorientation de sa diplomatie dans le but de trouver de nouveaux partenaires.

Depuis 2020, elle semble sortir de son isolement. La visite du président turc Recep Tayyip Erdogan à Ryad en avril 2022, est à l’image de cette nouvelle politique étrangère. Alors en conflit depuis l’assassinat du journaliste saoudien Kamal Khashoggi à Istanbul en 2018, les relations entre l’Arabie Saoudite et la Turquie se normalisent. Et ce, après que ce dossier a été transféré à la justice saoudienne. 

Une autre visite historique illustre également la nouvelle politique régionale turque. Celle du président israélien, Isaac Herzog, en Turquie en mars 2022, la première depuis 14 ans. Le développement des relations entre les deux pays repose particulièrement sur la coopération énergétique avec un projet de gazoduc en Méditerranée orientale. De la même manière, Ankara a opéré un rapprochement avec Abu Dhabi et Le Caire, après des années de conflit à la suite notamment des Printemps arabe.  

Après des années de relations conflictuelles avec ses voisins, le président turc semble changer son fusil d’épaule. Avec une inflation qui a atteint 61 % sur un an et une livre qui perd de plus en plus de sa valeur, Recep Tayyip Erdogan est en difficulté à l’intérieur de son pays. Avec les élections prévues pour juin 2023, le président veut se montrer plus que jamais en homme fort et asseoir sa puissance et son influence dans la région. 

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Jessica HOFF

Diplômée d’un master 2 Géopolitique et prospective à l’IRIS Sup’, Jessica est particulièrement intéressée par les thématiques liées à la Turquie et au Moyen-Orient.

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